Qu’est-ce que la chasse ?

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La chasse relève d’un rapport complexe et passionnel à la nature et au sauvage qui s’inscrit dans une acception traditionnelle de la place de l’homme par rapport à ces derniers. Elle met en scène une confrontation au monde sauvage empreinte de valeurs et de symboliques qui s’inscrivent dans le temps long de l’histoire de l’humanité et auxquelles l’homme n’a souvent plus accès dans sa vie moderne. Déjà, en son temps, M. Mauss, le père de l’anthropologie, expliquait dans son « Manuel d’ethnographie » que « l’individu ne va pas à la chasse, il va à la chasse au lièvre et non pas à la chasse au lièvre mais à la chasse de tel lièvre, qu’il connaît bien. » Décisive, la perception du gibier et l’intérêt que le chasseur lui porte cristallisent la passion cynégétique.

Le lien affectif et symbolique entretenu avec le territoire de chasse est également déterminant. Dans l’acte de chasse, la « nature » se charge de « culture » par l’intermédiaire d’un « vécu » empreint de savoirs, souvent transmis de génération en génération. Rapport au gibier et, à travers lui, au sauvage, comme rapport au territoire et, à travers lui, à la nature, forment deux des trois volets du triptyque qui fonde les différentes cultures cynégétiques. Techniques et éthiques de chasse en composent le troisième. Telle région chasse le sanglier avec une meute de chiens courants ; telle autre en chasse silencieuse d’affût ou d’approche ; une autre encore en battue sans chien. Dans les trois situations, un même gibier fait l’objet de chasse. Mais ce sont trois chasses différentes et là est l’essentiel pour ceux qui vivent ces cultures cynégétiques.

La culture cynégétique préside aux praxis et ceux-ci la caractérisent. Bien au-delà du gibier chassé, c’est la façon de le chasser qui compte. Qu’un chasseur se voit forcé d’abandonner sa chasse au bénéfice d’une autre, parfaitement recommandable et très belle, c’est en dépossédé de sa culture cynégétique qu’il expliquera que ce qu’il pratique n’est pas de la chasse. Au sein de l’aire latine, notamment dans le sud-ouest de la France, les cultures cynégétiques se caractérisent par un « jeu » avec le gibier qui se donne à voir et qui imprime sa marque dans la nature. C’est aussi une chasse populaire, souvent collective et généralement empreinte de ses racines paysannes, qu’il s’agisse de la chasse des petits oiseaux comme de la chasse à courre, où les chiens courants tiennent une place centrale, très française.

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