Parmi les espèces chassables, certaines, prédatrices ou déprédatrices peuvent faire l’objet d’un classement administratif particulier, dit ESOD, acronyme d’Espèce Susceptible d’Occasionner des Dégâts. Ce classement vise à déroger aux règles générales pour donner au particulier des moyens d’intervention supplémentaires, notamment le piégeage ou la chasse durant la période de reproduction. Ce classement ESOD est prononcé par le Ministre de l’environnement sur proposition du Préfet de département, après instruction de la procédure de classement par la FDC. Activité très encadrée, le piégeage est soumis à agrément préfectoral, délivré après avoir suivi une formation dispensée par la FDC. La régulation à tir, c’est-à-dire avec un fusil ou un arc, est conditionnée à l’obtention du permis de chasser et à sa validation annuelle. C’est également le cas de la régulation par volerie (oiseaux de chasse au vol) ou par déterrage (vénerie sous terre). Le classement ESOD et les moyens dérogatoires qu’il autorise, permettent au particulier de se prémunir des dégâts que certains animaux sauvages peuvent occasionner aux productions agricoles ou aux installations. Il vise aussi à en réguler les effectifs, eu égard à l’incidence de la prédation qu’ils occasionnent ou des pathologies qu’ils véhiculent. Ce classement, qui ne peut en aucun cas concerner des espèces protégées, est appliqué aux prédateurs et déprédateurs dont la régulation par la chasse n’est pas suffisante ou ne peut pas intervenir à la bonne période. Les corvidés ou l’étourneau, par exemple, suscitent peu d’intérêt cynégétique. C’est aussi le cas des rongeurs aquatiques ou, encore, dans une moindre mesure, du renard. Autre exemple : les mœurs nocturnes et discrètes de la fouine la rendent particulièrement difficile à chasser. Qu’il s’agisse de dégâts agricoles ou de régulation à motif cynégétique, le besoin d’intervention est maximal au printemps et en début d’été. La chasse n’étant pas autorisée à ce moment de l’année, le classement ESOD est requis. Précisons que seuls quelques rares prédateurs peuvent être concernés par ce classement, alors que la plupart des espèces relèvent d’un statut de protection stricte, qu’il s’agisse des rapaces diurnes ou nocturnes, de la loutre, du vison d’Europe, de la genette, de l’ours, du lynx ou du loup, par exemple.
Animaux déprédateurs classés ESOD
La corneille noire, l’étourneau sansonnet, le geai des chênes, la pie bavarde, le ragondin, le rat musqué ou le renard causent des déprédations qui concernent les productions agricoles comme le maraichage, les cultures céréalières, l’arboriculture fruitière ou la viticulture. Les élevages de volailles, notamment les filières palmipède, poulets de chair et œufs, subissent des dégâts préjudiciables de renard et de fouine ainsi que, parfois, dans une moindre mesure, de corneille noire. Le renard, la fouine ou les rongeurs aquatiques sont des vecteurs de zoonoses comme la rage, l’échinococcose alvéolaire, la tuberculose bovine, la leptospirose ou la trichinose. Hôtes réservoirs ou porteurs de ces pathologies, ils peuvent non seulement porter atteinte à la santé du bétail mais aussi à la santé humaine. L’étourneau sansonnet, en plus des déprédations sur l’arboriculture et la viticulture, peut générer des déjections importantes dans les zones dortoirs, susceptibles de nuire à la salubrité publique.
Animaux prédateurs classés ESOD
Le renard, la fouine, la corneille noire mais aussi la pie bavarde et le geai des chênes, grand pilleur de nids, peuvent faire peser une prédation lourde de conséquences sur la gestion cynégétique de la petite faune comme le faisan, la perdrix, le lièvre, la caille des blés ou la tourterelle des bois. En l’absence de régulation de ces prédateurs, les efforts de gestion peuvent être réduits à néant. Ces prédateurs généralistes et opportunistes n’adaptent pas leurs effectifs à l’abondance des proies mais compensent la faible abondance d’une catégorie de proies par le report sur d’autres espèces. Les gibiers lâchés pour le repeuplement constituent des proies faciles et font l’objet d’une prédation importante. Dans le cas d’une population de petit gibier en cours de restauration, lorsque les premiers efforts de gestion commencent à porter leurs fruits et que la population devient plus abondante, on assiste à une augmentation du nombre de proies potentielles. La fréquence de rencontre augmente proportionnellement, suscitant l’intérêt croissant du prédateur. Il s’agit d’une réponse fonctionnelle qui conduit les prédateurs généralistes à accroître la pression de prédation qu’ils exercent sur le gibier considéré, corrélativement à l’augmentation des effectifs de ce gibier, avec un impact fort, que le jargon technique nomme « puit de prédation », susceptible d’annihiler les efforts de gestion ou de restauration.