Le chasseur peut s’embusquer à l’affût, pour attendre l’arrivée de son gibier ou se déplacer, à pas de velours, pour aller à sa recherche, sans se faire repérer. Il chasse alors à l’approche, ou pirsch, nom d’origine germanique, région d’Europe où ces pratiques sont culturellement très ancrées et traditionnelles. Ce sont essentiellement les brocards qui sont chassés ainsi et principalement en été, période des amours du chevreuil. Le pirscheur tire aussi le renard. Sur quelques rares territoires, ces chasses silencieuses sont également pratiquées pour le sanglier et même le cerf. Chasses discrètes et individuelles par excellence, elles impliquent, avant toute chose, de connaître son territoire de chasse et les habitudes des chevreuils qui le peuplent. Le chasseur doit se placer à bon vent, à savoir face au vent, de façon à ce qu’aucun effluve pouvant trahir sa présence ne soit porté vers le gibier. La chasse a lieu aux heures crépusculaires, sur les zones de gagnage, clairières, champs et prairies, le long de la forêt. Lorsqu’il est à l’affût, le chasseur les scrute longuement, attendant la venue du brocard.
La plupart des affûts se pratiquent depuis un poste de tir surélevé : le mirador, qui offre une assise confortable. Il est souvent recouvert d’une toiture sommaire, généralement flanqué de parois latérales dans lesquelles sont ménagées des ouvertures. Plus rudimentaire, le système d’échelle intégrant un siège à son sommet s’installe en appui contre un arbre. Le chasseur rejoint son poste d’affût suffisamment tôt pour ne pas risquer d’être repéré par le gibier. Il n’emprunte pas les coulées du gibier ni ne traverse les zones de gagnage car son odeur trahirait sa venue. Le gibier ne se montrerait pas ou pourrait rebrousser chemin. Le pirscheur, à l’inverse, prospecte méthodiquement les zones de gagnage. Il emprunte chemins et sentiers, à pas de loup, prenant soin de rester dissimulé par la végétation de sous-étage, les troncs des arbres ou le relief. À la pirsch comme à l’affût, tous les sens sont en éveil, pour ne pas dire en émoi. Chaque bruissement de feuille attire l’attention du chasseur. Le chasseur juge son gibier, le choisit et, le cas échéant, prend parfois la décision de le prélever.
À la pirsch, le chasseur tire en prenant appui sur une grande perche de bois formant fourche à son extrémité supérieure et qui lui sert aussi de bâton de marche. Les distances de tir, généralement assez longues, exigent l’utilisation d’une carabine équipée d’une lunette de visée. Cette chasse peut également être pratiquée à l’arc. Elle devient alors très sportive et demande au chasseur de faire preuve d’une maîtrise des techniques d’approche encore plus fine, pour approcher son gibier à moins d’une vingtaine de mètres. Le pirscheur possède parfois un chien, teckel, chien rouge de Bavière ou de Hanovre ou même parfois, un chien d’arrêt ou un retriever comme le labrador. Celui-ci n’intervient qu’au moment de retrouver le gibier tiré. Très calme, ce chien est conduit avec une très longue laisse et s’abstient de toute vocalise lorsqu’il remonte la piste de son gibier. Lorsque le brocard est retrouvé, le pirscheur lui rend les honneurs de la brisée, avec trois petites branches de résineux, l’une posée sur le flanc de son brocard, une autre glissée une entre les lèvres de ce dernier, en guise de « dernière bouchée » et la dernière fixée à son propre chapeau.