Lièvre et lapin, deux léporidés emblématiques de nos campagnes
Petits mammifères sédentaires appartenant à l’ordre des Lagomorphes et à la famille des léporidés, c’est au niveau du genre que la distinction s’opère entre le lièvre et le lapin. Bien plus grand et longiligne que le lapin, le lièvre possède de longues pattes arrière et de très grandes oreilles aux extrémités noires. Le dessus de sa queue est également noir. Son iris est brun orangé et la pupille noire, alors que chez le lapin l’œil est noir et le tour blanc. L’amalgame entre les deux espèces n’est pas récent puisque déjà en son temps, Dioclétien qualifiait le lapin de demi-lièvre. Le lapin de garenne est le seul léporidé à travers le monde à creuser un terrier.
Lièvre (Lepus europaeus)
Adulte, le lièvre pèse en moyenne 3,8 kg en France, contre 1,4 kg pour le lapin de garenne. L’un comme l’autre, ils digèrent leurs aliments en deux phases. Le phénomène porte le nom de cæcotrophie.
Ils ré-ingèrent une catégorie de crottes très particulières en les prélevant dès leur sortie au niveau de l’anus. Ces crottes qui n’en sont pas vraiment, les caecotrophes, contiennent des vitamines, des acides aminés et des protéines.
Les deux espèces sont présentes presque partout en Europe de l’Ouest, jusqu’à 1 000 mètres d’altitude pour le lapin, 2 000 mètres pour le lièvre. Dans les Alpes, ce dernier cède la place dès 1 500 mètres à une autre espèce, le lièvre variable (Lepus timidus) qui, pour mieux se confondre avec son habitat, dans un parfait mimétisme, revêt une livrée blanche en hiver. Contrairement aux rongeurs, le ragondin par exemple, chez les lagomorphes, le maxillaire supérieur comporte deux rangées de deux incisives, placées l’une devant l’autre.
Le lièvre brun d’Europe
Description de l’espèce
Nom scientifique : Lepus europaeus
Ordre : Lagomorphe
Famille : Léporidé
Genre : Lepus.
Longueur : 53 cm – Poids : 3,6 kg.
Ecologie de l’espèce
Le lièvre brun occupe une large gamme de milieux, dès lors que ceux-ci sont suffisamment ouverts. Il est avant tout inféodé à l’agro-écosystème. Les prairies présentent un intérêt limité pour lui, comparativement à la plaine agricole et particulièrement aux champs de céréales à paille, qui constituent son habitat de prédilection. Il se nourrit de toutes sortes de végétaux, plantes herbacées, fruits, racines mais principalement de graminées et notamment des céréales à paille en hiver. Il peut causer des dégâts lorsqu’il s’attaque aux plantes maraichères ou horticoles. Il sait tirer profit des bois selon les saisons mais il n’affectionne pas particulièrement la forêt. Présent dans les massifs forestiers, son abondance y est bien moindre à celle qui peut être observée dans les paysages agricoles.
La journée, le lièvre est solitaire et se repose dans un gîte à même le sol, généralement dans un champ ou sur une bordure et même, fréquemment, un labour, où son mimétisme parfait le rend presque indétectable. La nuit tombée, il s’active sur ses sites d’alimentation et il n’est pas rare de le voir en regroupements de quelques individus, jusqu’à une quinzaine, lorsque les densités sont fortes. Son domaine vital est de l’ordre de 150 ha en moyenne. Il n’est pas territorial. Contrairement à des idées reçues et bien ancrées, l’observation à distance ne permet pas de différencier le mâle, dit bouquin, de la femelle, appelée hase.
Statut de conservation et dynamique de population
La période de reproduction, le bouquinage, s’étale de décembre à septembre. Elle est faite de poursuites et de joutes qui précèdent les accouplements. Il est fréquent de voir le mâle et la femelle se dresser face à face sur les pattes arrière et se boxer de leurs pattes. Il semblerait que ce comportement favorise l’ovulation chez la hase. Les premières naissances ont lieu en janvier. La hase produit 2 à 4 portées de chacune 1 à 6 levrauts par an. Courte, la gestation dure 40 à 42 jours.
La hase peut à nouveau être fécondée quelques jours avant la mise bas. Cette singularité est appelée superfétation. Les levrauts naissent déjà couverts de poils et les yeux ouverts. La hase les allaite durant 3 à 5 semaines. Une fois les jeunes sevrés, l’émancipation est totale. Mature sexuellement dès l’âge de 3 à 4 mois, le lièvre présente une forte prolificité, à rapprocher d’un taux de mortalité non négligeable.
Près de la moitié des jeunes succombent dans les premières semaines de leur existence. Arrivé à l’âge adulte, le lièvre connaît une espérance de vie courte, de l’ordre de 3 ans. L’impact du renard sur la dynamique de population du lièvre est fort. Plusieurs pathologies, tularémie, yersiniose, coccidiose ou entérotoxémie provoquent des mortalités non négligeables. Ce sont néanmoins les calicivirus, hépatite virale pour le lièvre (EBHS), virus hémorragique pour le lapin (VHD) et une version recombinante de ce dernier (RHDV2) auquel les deux espèces sont sensibles, qui provoquent les plus fortes mortalités. Au cours de la première moitié du 20e siècle, puis dans la décennie qui a suivi la seconde guerre mondiale, les effectifs ont connu une forte croissance. Dès les années 1960, c’est une phase de diminution importante qui a pris le pas. Depuis une dizaine d’années, la productivité des populations de lièvres a fortement chuté au niveau national.
Source : IUCN, 2007.Statut de conservation IUCN (Europe) : LC Least concern
Tendance en Europe : Stable
Statut de conservation IUCN (France) : LC Least concern
Source : IUCN, 2017.
Tendance en France : Stable
Le lapin de garenne
Description de l’espèce
Nom scientifique : Oryctolagus cuniculus
Ordre : Lagomorphe
Famille : Léporidé
Genre : Oryctolagus.
Longueur : 40 cm – Poids : 1,4 kg.
Ecologie de l’espèce
Le lapin de garenne affectionne les milieux diversifiés, alliant des zones ouvertes avec des cultures ou des prairies, des haies et des bosquets. Casanier, le lapin s’éloigne peu de sa garenne. De petite taille, environ 2,5 ha, le domaine vital du lapin comprend trois zones principales : les terriers, la zone d’alimentation et les gîtes diurnes. La bonne exposition est déterminante et les milieux fermés tels que la forêt ne lui conviennent pas. Le sol doit être meuble, pour creuser les terriers ; sec car l’humidité favoriserait le développement des insectes et des agents pathogènes ; filtrant, pour que les terriers ne soient pas inondés. Lorsqu’une garenne est peuplée, on le repère aisément. La végétation herbacée, régulièrement broutée, est maintenue rase. Des crottiers, très conséquents, sont présents.
Le lapin se nourrit dans les prairies autour de la garenne. Plus l’herbe y sera maintenue rase, plus il sera à son aise. Il apprécie les jeunes pousses de blé ou des autres cultures agricoles, dans lesquelles il peut occasionner des dégâts d’autant plus importants que le lapin peut former des colonies très nombreuses, contrairement au lièvre. Comme le lièvre, il lui arrive aussi de sectionner les plants de légumes ou d’arbres pour les laisser à terre, sans les consommer, avec des conséquences économiques qui peuvent s’avérer très préjudiciables. Adapté aux climats méditerranéens, le lapin boit peu. L’eau contenue dans les végétaux qu’il ingère lui suffit généralement et, à défaut, il lape la rosée sur l’herbe.
Le lapin est actif principalement au crépuscule et durant la nuit, tandis que le jour, il se repose dans un gîte à même le sol, à bonne exposition, souvent dans un fourré ou derrière une touffe de végétation épaisse. L’organisation sociale est complexe et structurée. Les colonies peuvent compter plusieurs centaines d’individus. Les unités familiales sont très territoriales, en particulier durant la période de reproduction. Les mâles âgés s’imposent par des combats pour avoir accès aux femelles. Chez ces dernières, la hiérarchie détermine l’accès aux terriers protégés des prédateurs, au centre de la garenne. Les subadultes, nés dans l’année, émigrent généralement vers d’autres territoires ou d’autres groupes, dans un rayon de 300 mètres autour de la garenne et jusqu’à 600 mètres en milieu ouvert.
Statut de conservation et dynamique de population
La période de reproduction s’étale de janvier à août. La distinction entre le mâle et la femelle ne peut s’opérer qu’à l’examen des organes génitaux, animal tenu en main. Courte, la durée de gestation n’est que de 30 jours. La femelle peut à nouveau être fécondée immédiatement après la mise-bas. Elle donne naissance à ses petits dans une rabouillère, terrier à une seule entrée spécialement creusé pour l’occasion par la femelle qui, très prudente, en rebouche l’entrée après être venue allaiter sa portée plusieurs fois par jour. Les petits naissent nus et aveugles et demeurent dans ce terrier environ trois semaines. À partir de l’âge d’environ un mois, les jeunes sont sevrés et indépendants. La maturité sexuelle est atteinte très tôt, entre 3 ,5 mois et 4 mois.
Prolifique, la lapine produit 3 à 5 portées par an pour un total de 15 à 25 lapereaux. Le taux de survie annuel est en moyenne de 50 % chez les adultes et de 20 % chez les jeunes, ce qui amène à relativiser la forte productivité des femelles. Les épizooties estivales et automnales de myxomatose et de RHDV causent de lourdes pertes. Moins sensible aux maladies parasitaires et bactériennes que le lièvre, le lapin est néanmoins très concerné par les maladies parasitaires intestinales comme la coccidiose. La prédation est un facteur limitant, particulièrement, celle causée par le renard mais aussi par les animaux domestiques errants, chat ou chien et par les mustélidés, dont le putois, qui se spécialise sur le lapin de garenne.
Statut de conservation IUCN (Europe) : NT Near threatened
Source : IUCN, 2007.
Tendance en Europe : En diminution
Statut de conservation IUCN (France) : NT Near threatened
Source : IUCN, 2017.
Tendance en France : En diminution