Le sanglier

Sanglier

Description de l’espèce

Nom scientifique : Sus scrofa
Ordre : Artiodactyle
Famille : Suidé
Genre : Sus

Le sanglier d’Eurasie est un ongulé artiodactyle appartenant à la famille des suidés. Il occupe pratiquement toute l’Europe et l’Asie, jusqu’à l’Extrême-Orient russe, l’Indonésie et la Chine. Il est également présent en Afrique du Nord. Il a également été introduit sur le continent américain et en Australie. Ses facultés d’adaptation à des biotopes et à des climats variés en font un gibier ubiquiste qu’il serait très réducteur de cantonner aux habitats forestiers. En France, où il est représenté dans tous les départements de métropole ainsi qu’en Corse, le poids moyen des adultes oscille entre 60 kg et 75 kg pour les femelles, entre 75 kg et 130 kg pour les mâles. En Europe de l’Est, adaptation aux conditions climatiques, le poids des mâles adultes atteint régulièrement 200 kg et jusqu’à 300 kg. Ce gradient sud-ouest/nord-est d’augmentation de la corpulence concerne la plupart des mammifères à l’échelle du continent.

Le sanglier est un omnivore non ruminant, dont le régime alimentaire se compose à 90 % de nourriture d’origine végétale, avec des variations en fonction des saisons et des disponibilités. Lorsque la fructification forestière est bonne, glands, faînes et châtaignes constituent l’essentiel du régime alimentaire automnal et hivernal. À l’inverse, si elle est faible, les cultures agricoles et notamment le maïs sont abondamment consommés. Selon les années, les saisons et les territoires, les céréales peuvent représenter 80 % de la fraction végétale du régime alimentaire. Passé l’âge d’un an, l’influence de la glandée joue un rôle important dans la prise de poids et dans la reproduction, même si, opportuniste, le sanglier sait compenser les pénuries en exploitant d’autres ressources.

Tous sens en éveil

Une phase de repos diurne alterne avec une phase d’activité, essentiellement nocturne et principalement dédiée à l’alimentation et aux activités sociales. En été, l’activité peut débuter deux à trois heures avant le coucher du soleil, tandis que le retour vers la remise diurne n’interviendra qu’au petit matin, parfois bien après l’aube. Le jour, le sanglier se bauge, dénomination tirée de celle donnée à l’emplacement où il passe la journée. La bauge est aménagée à même le sol, parfois sous forme d’une légère dépression, à bonne exposition. Les remises sont collectives, à part pour les mâles solitaires. Elles sont installées dans un fourré épais ou, à défaut, dans la végétation dense, en veillant à pouvoir s’enfuir en cas de danger. Il ne faut pas confondre la bauge avec la souille, dans laquelle il pratique, été comme hiver, le bain de boue intégral, à la fois pour se débarrasser de ses parasites mais aussi pour des raisons sociales. À la sortie de la souille, le sanglier se frotte contre un arbre, qu’il macule de boue et marque de coups de défenses, de bave et d’autres substances odoriférantes, utiles à sa communication. Chez le sanglier, l’audition est excellente. Le moindre bruit suspect sera détecté à plusieurs centaines de mètres. L’acuité visuelle est en revanche mauvaise. À 15 mètres, il ne distingue pas un humain debout et immobile d’un quelconque objet vertical. L’odorat est très développé. Il se comporte en véritable chien pisteur pour retrouver ses congénères et est capable de localiser des aliments enfouis très profondément dans le sol. Cette faculté des suidés, domestiques dans ce cas, est d’ailleurs exploitée en Périgord et en Quercy pour la recherche des truffes. Le disque nasal du boutoir et la lèvre supérieure sont pourvus de nombreux poils sensoriels. Très sensibles, ils sont mobilisés lors d’échanges tactiles inter-individuels élaborés.

Le plus prolifique des ongulés européens

La taille du domaine annuel varie de 1 à 2 km2 en moyenne, jusqu’à 40 à 60 km2 pour les femelles voire 120 à 150 km2 pour les mâles, selon les habitats, les disponibilités alimentaires, la quiétude et les modes de chasse pratiqués. En présence d’une nourriture abondante et disponible en un lieu unique, comme un champ de céréales ou, encore, lorsque glands et châtaignes foisonnent, une grande quantité est ingérée en peu de temps, les déplacements sont réduits à leur plus simple expression. Lorsque le sanglier détecte des secteurs où la chasse n’est pas pratiquée, des réserves ou des zones urbanisées accueillantes par exemple, il s’y installe et n’en sort que la nuit. Même s’il doit parcourir de longues distances pour aller se nourrir, il rejoint son havre de paix dès le matin pour échapper à la chasse de régulation.

Après une gestation de 115 à 120 jours, les naissances s’étalent entre février et septembre, avec un pic en avril-mai, saison la plus favorable. En cas de forte glandée, les femelles entrent plus tôt en chaleur, dès l’été. Il peut alors y avoir trois portées en deux ans, avec un pic en janvier-février et un second en août-septembre. La taille moyenne des portées varie de deux à six marcassins. Elle augmente en fonction de l’âge de la mère, de son poids et des disponibilités alimentaires. L’accroissement annuel d’une population varie entre 65 % et 135 % voire plus. Les subadultes se dispersent à la saison des mises bas. Cette dispersion se fait au-delà de 10 kms dans 10 à 50 % des cas. Ce taux est d’autant plus faible que la population est abondante.

« Très famille » ce sanglier

Les sangliers vivent en « compagnie, » groupes essentiellement familiaux comptant en moyenne 15 à 30 individus. La compagnie est composée de laies suitées de leurs jeunes de l’année. Pour la plupart, elles sont issues de la même lignée car, d’année en année, la compagnie est augmentée de femelles en âge de procréer, souvent nées de mères composant la compagnie. Les laies s’éloignent momentanément du groupe pour mettre-bas. Les marcassins voient le jour dans un « chaudron », nom donné au nid aménagé au sol, avec une litière parfois très abondante pour protéger les marcassins des rigueurs climatiques. En cas de disparition de la mère, les marcassins sont généralement adoptés par les autres laies de la compagnie.

Le groupe est conduit par la laie dominante, dite « meneuse ». C’est la plus vigoureuse et souvent la plus âgée. Les femelles subadultes sont évincées de la compagnie lors de la saison de mise bas suivante, les mâles subadultes lors du rut. Juste avant l’âge de deux ans, les mâles adoptent un comportement solitaire puis gravitent autour des compagnies pour y faire irruption lorsque les femelles entrent en œstrus. Une forte compétition s’opère alors entre mâles. Ils jouent de leur force physique et de leurs défenses lors de « combats » qu’ils se livrent, face à face, épaule contre épaule, tentant de « poignarder » l’adversaire, dont l’armure, peau extrêmement épaissie au niveau de l’épaule, lui évite les blessures graves.

Croissance des populations à un niveau inattendu

Le développement presque exponentiel des populations, partout en Europe, résulte d’une conjonction de facteurs favorisants. La généralisation de cultures comme le maïs apporte une nourriture abondante et un couvert jusqu’en début d’automne. Celle de la moutarde et du colza, qui procurent des couverts hivernaux et printaniers, a développé un réseau de remises diurnes au sein des vastes plaines agricoles jusque-là plutôt hostiles. Le radoucissement des conditions météorologiques limite à la fois les mortalités hivernales et permet des productions de fruits forestiers plus abondantes et plus régulières, elles-mêmes à l’origine d’une meilleure condition physique et d’une plus grande prolificité du grand gibier.

Le sanglier est peu sensible à la prédation et d’autant moins que les grands prédateurs sont peu présents en France. Parmi les maladies virales, la fièvre aphteuse entraîne un affaiblissement général des individus touchés, et peut engendrer des mortalités non négligeables comme les pestes porcines, classique ou africaine, également d’origine virale. Ces pathologies peuvent engendrer de fortes mortalités en particulier la peste porcine africaine, jusqu’à 95 % des effectifs. La brucellose, zoonose bactérienne engendre peu de mortalité mais est pénalisante en élevage bovin. La maladie d’Aujesky, virale ne tue pas les sangliers mais les chiens, en particulier de chasse, qui se contaminent au contact du sanglier.

Statut de conservation IUCN (Europe) : LC Least concern
Tendance en Europe : En augmentation

Source : IUCN, 2007.

Statut de conservation IUCN (France) : LC Least concern
Tendance en France : En augmentation

Source : IUCN, 2017.

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