Le petit gibier au chien d’arrêt

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Dès la fin de l’été, le chasseur au chien d’arrêt parcourt les champs en quête de perdrix, faisan ou caille mais aussi de lièvre et de lapin, même s’il faut dès à présent dire que ces derniers sont plutôt chassés au chien courant dans le Sud-Ouest. Seul ou en compagnie de 2 ou 3 amis, chacun assisté d’un ou deux chiens d’arrêt, le chasseur se délecte de ces plaisirs champêtres qu’il attendait depuis de longs mois, alors que les saisons se succédaient, lui laissant espérer une bonne reproduction de son gibier. À l’automne, lorsque les cultures sont levées, faisans et lièvres ont gagné les bois environnants. Pour autant, ils n’échapperont pas plus à la sagacité de la longue et grande quête des chiens britanniques, pointers et setters, que de celle des chiens continentaux, braques, épagneuls et khortals, plus courte et proche du maître. L’émanation repérée, le chien d’arrêt la suit, souvent à vive allure, pour la remonter jusqu’au gîte de l’oiseau. En plein émoi et pourtant mesuré et d’une prudence rigoureuse, le chien manifeste alors ce comportement dont il tire son nom : l’arrêt. Le chien prend cette pose si caractéristique, une patte demi-relevée, le cou tendu, tous les sens en éveil. Il attend le commandement de son maître pour forcer l’oiseau à s’envoler ou le lièvre à déguerpir. Se figeant à quelques mètres, parfois à quelques centimètres seulement de son gibier, le chien induit chez la perdrix ou chez le faisan, comme d’ailleurs chez les mammifères comme le lièvre, une stratégie de défense particulière.

Jouant de son mimétisme, le gibier observe le comportement du chien, sans esquisser le moindre mouvement, espérant n’avoir pas été repéré par ce « prédateur. » Il jauge le chien et les échappatoires qui s’offrent à lui. Ce temps d’arrêt aura permis aux chasseurs de s’approcher et de se placer dans la meilleure position de tir… ou pas ! Car rien n’est plus aléatoire que les lois de la nature, surtout lorsque l’on se confronte aux ruses du gibier. L’ordre est maintenant donné au chien de « couler. » Si la chance sourit au chasseur, que la perdrix n’a pas piété pour tromper l’intelligence du chien et s’envoler à plusieurs dizaines de mètres de là, que le tir était bien ajusté, c’est alors une grande émotion qui s’empare des deux compagnons, chien et maître. L’oiseau décroche en plein vol et, perdant quelques plumes dans sa chute, il termine sa vie des champs, telle la bartavelle dans « La gloire de mon père ». Un bon chien d’arrêt ne « court pas sous l’aile. » Il observe la chute miraculeuse. Ce n’est qu’à ce moment qu’il s’élance pour ramener la pièce de gibier à son maître, lequel le gratifie d’une caresse affectueuse, dans un moment de complicité indicible et d’une immense fierté partagée. Après avoir terminé la matinée de chasse dans la gibecière de son heureux propriétaire, qui n’hésitera pas à arborer les belles plumes colorées de son gibier débordant légèrement du carnier, c’est désormais vers le fourneau familial que se dirige le bel oiseau.

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