Le gibier d’eau est peu abondant en Lot-et-Garonne et, sans surprise, sa chasse est peu pratiquée. Avec un maillage de lacs collinaires accueillants, les coteaux agricoles se prêtent néanmoins à une sympathique chasse à la passée, lorsque des plans de gestion ont été mis en place par les sociétés communales. Le colvert y est au rendez-vous, plus exceptionnellement la sarcelle d’hiver, le milouin, le souchet ou même le siffleur et le chipeau. Le soir, au crépuscule, les canards quittent leur remise diurne, rivière ou lac, pour rejoindre le gagnage. Le matin, à l’aube, ils parcourent le trajet inverse. C’est posté à l’affût, le long de ce trajet, souvent près d’un étang ou de la rivière, que le chasseur s’installe. Généralement, une cabane sommaire, faite de branchages ou de filets de camouflage, dissimule le chasseur de l’œil attentif de son gibier. Si l’attente suppose une bonne dose de patience, lorsque les canards surgissent dans le ciel à pleine vitesse, le tir au vol exige une grande adresse. Un chien de rapport, labrador ou retriever, facilitera la recherche du gibier mais aussi son rapport quand il tombe à l’eau. Le chien aura le même intérêt pour la chasse à la tonne. Alors qu’elles sont si communes dans les départements côtiers, le Lot-et-Garonne ne compte que quelques petites dizaines de ces installations fixes. Appelées tonnes dans le Sud-Ouest, on les nomme huttes ou gabions dans d’autres régions. Chez nous, elles tirent leur nom des tonneaux utilisés autrefois pour cette chasse d’affût. Installée sur la rive d’un étang ou d’une rivière, principalement la Baïse, le Lot et la Garonne, cette cabane, généralement enterrée ou semi-enterrée, comporte souvent une pièce à vivre. Les 4 ou 5 chasseurs s’y retrouvent pour des moments de chasse et bien sûr, de convivialité. Le poste de chasse, attenant, comporte de toutes petites ouvertures, les guignettes, depuis lesquelles les chasseurs tireront les canards qui se sont posés sur le blanc, nom donné à l’aire de pose. La chasse à la tonne se pratique avec des appelants. C’est en grande partie d’eux que dépendra la pose des canards sauvages. Entremetteurs entre le monde sauvage et les hommes, ces auxiliaires sont soigneusement sélectionnés pour leur chant et leurs allures. Des canes dites « longs-cris, » les plus bavardes, sont disposées face au vent, loin de la tonne. Moins loquaces, les « moyens-cris » sont placés à mi-distance. Les « courts-cris » et des mâles sont disposés au plus près de la tonne, sur le lieu présumé de la pose. Retenus par une attache reliée à un piquet, les appelants ne sont pas entravés de leur mouvement.