Le chevreuil

chevreuil

Description de l’espèce

Nom scientifique : Capreolus capreolus
Ordre : Artiodactyle
Famille : Cervidé
Genre : Capreolus
Taille : 80 cm au garrot
Poids : 20 à 25 kg ; mâle 2 à 3 kg plus gros que la femelle – Forte variabilité (18 kg à 36 kg)
Pelage selon les saisons : brun teinté de roux en été ; gris foncé après la mue d’automne – Tache claire au niveau du cou appelée « serviette » – Livrée brun-roux mouchetée de blanc les trois premiers mois chez le faon
Nom du subadulte (6 mois à 1 an) : chevrillard ; mâle adulte : brocard ; femelle adulte : chevrette
« Miroir » (tache fessière blanche) : brocard en forme de « haricot »; chevrette en forme de « cœur. »

Le plus petit cervidé d’Europe

Présent de la péninsule Ibérique à l’ouest de la Russie, jusqu’en Turquie, au Caucase et au nord de l’Iran, il est absent d’Irlande et des îles méditerranéennes. Il est présent partout en France métropolitaine. On le rencontre même en montagne, jusqu’à 2500 mètres d’altitude. La colonisation de l’arc méditerranéen est limitée par un « gradient de méditerranéité » selon lequel, là où les sécheresses sont très prononcées, le chevreuil est rare.

Gracile chevreuil

Lorsqu’il est dérangé, il pousse un cri d’alarme très sonore qui porte le nom très évocateur d’aboiement. Les brocards aboient aussi pendant le rut lorsqu’ils s’affrontent. L’ouïe et l’odorat du chevreuil sont particulièrement bien développés. Ses oreilles de forte taille lui permettent de relever des bruits à peine perceptibles pour l’oreille humaine. Lorsque le vent est bien orienté, son odorat lui permet de détecter un intrus à 200 m. Sa vision médiocre distingue les mouvements et les contrastes. Le chevreuil perd ses bois chaque année entre la mi-octobre et la fin-décembre. Puis les nouveaux repoussent pendant 4 mois et 1⁄2, sous un « velours, » tégument dermique richement vascularisé chez les adultes. Les bois atteignent leur taille définitive en janvier-février. Le velours cesse alors d’être irrigué et il se dessèche puis se détache. Pour s’en débarrasser, le brocard frotte ses bois contre la végétation pour « frayer ses bois. » Les bois sont fonctionnels au moment où les brocards doivent défendre leur territoire. Solidement ancrés, ils se montreront particulièrement efficaces au moment du rut, qui a lieu de début juillet à mi-août. Ce n’est qu’après la saison des amours, en toute fin d’été puis en début d’automne, que les hormones, au rythme du cycle sexuel, induiront le détachement des bois au niveau du pivot, base osseuse sur le crâne du chevreuil.

Bois ou cornes

Chez les cervidés, grande famille qui en Europe comprend le cerf, le chevreuil, le daim, le renne et l’élan, seul le mâle porte des bois, organes osseux caducs. Les bovidés, vache, mouton, chèvre, chamois, bouquetin, possèdent des cornes. Elles sont constituées d’un étui de kératine qui se développe tout au long de la vie de l’animal à partir d’une cheville osseuse, sans jamais tomber.

Comme chez les mustélidés, l’ovo-implantation différée, avec une diapause de six mois dans le développement du fœtus, permet au chevreuil d’ajuster sa prolificité aux ressources du milieu. La fécondation intervient en début d’été, après avoir nourri les jeunes de l’année. Le développement de l’embryon ne dure que 4 mois. Les faons naissent au moment le plus favorable, à savoir le printemps, soit 10 mois après la fécondation. Généralement, il naît 2 faons, en une seule et unique portée. Les femelles jeunes ou en mauvaise condition physique en produisent un seul voire aucun. À l’inverse, dans des conditions optimales en termes de ressources trophiques, de quiétude et de densité de peuplement, la taille de la portée peut atteindre 3 faons.

Un fin gourmet qui affectionne les lisières

Le chevreuil n’est pas un animal forestier, biotope auquel la littérature l’a très longtemps cantonné. Il exploite les zones de clairière et de lisière, beaucoup plus que la forêt profonde. Il s’adapte très bien aux milieux de type bocager et même très ouverts comme les plaines céréalières. Il sait aussi s’accommoder des futaies de résineux où les strates arbustives et herbacées dont il se nourrit sont réduites. Par exemple, le chevreuil abondait dans la pinède cultivée des Landes de Gascogne jusqu’à la fin des années 1990. Même s’il se satisfaisait de l’eau présente dans les aliments qu’il consomme pour couvrir ses besoins quotidiens, les climats très arides ou les longues périodes sans rosée sur la végétation ne lui conviennent pas.

Dans une période de 24 heures, le chevreuil alterne 6 à 12 phases pendant lesquelles il se nourrit, il se déplace, se repose ou rumine. Il sélectionne son alimentation avec attention, privilégiant les plantes les plus digestes et les plus énergétiques. En règle générale, le bol alimentaire du chevreuil est constitué, selon les saisons et les milieux, de :

• 50 à 80 % de ligneux et semi-ligneux comme les feuilles et jeunes pousses de chêne, de charme, et de résineux, la ronce, l’églantier, l’aubépine, le chèvrefeuille, la bourdaine, le lierre ou le framboisier ;

• 10 à 30 % de graminées sauvages ou cultivées comme les céréales, le trèfle, le lotier et la luzerne ;

• Et 10 % de fruits forestiers comme le gland et la châtaigne en automne.

• Dans les plaines agricoles il se tourne davantage vers les céréales, le colza, la luzerne et les betteraves.

Territorial comme un brocard

En règle générale, le chevreuil utilise un domaine vital de très petite taille. Celui-ci s’étend en moyenne sur 20 à 60 ha, selon les milieux, avec des extrêmes pouvant atteindre 200 à 300 ha dans les habitats les plus pauvres. Plus le biotope est diversifié, riche en lisières, avec des sols calcaires, plus le domaine vital sera circonscrit. Essentiellement crépusculaire et nocturne, le chevreuil fait preuve d’une activité diurne plus soutenue au printemps et en été, avec un pic vers midi en période estivale. Son gîte, la « couchette, » de forme ovale, est installé à bonne exposition au pied d’arbrisseaux, dans une haie ou même une culture.

Le chevreuil est territorial. Le mâle s’approprie un territoire et le défend contre l’intrusion de ses congénères du même sexe. Son statut social conditionne la taille et la qualité du territoire qu’il va pouvoir s’octroyer et, par conséquent, le nombre de femelles qui y vivront. La cellule familiale de base est composée par la femelle adulte et ses faons. En hiver, plusieurs de ces groupes familiaux peuvent s’associer, particulièrement dans les paysages ouverts. Lorsqu’il est en très forte densité ou qu’il vit dans des milieux très ouverts de type plaine céréalière, le chevreuil peut alors adopter un comportement plus grégaire.

Densité-dépendantet sensible au changement climatique

L’abondance des populations de chevreuils est conditionnée par les capacités trophiques de son habitat et la quiétude qu’il lui assure. Tant que les effectifs de la population ne dépassent pas 60 à 75 % des capacités d’accueil, les individus sont corpulents, le taux de gravidité des femelles est maximal, l’impact du parasitisme et des pathologies classiques est faible et le taux de croissance de la population est de l’ordre de 35 % par an. Au fur et à mesure que l’évolution des effectifs tend vers la saturation des capacités d’accueil, ces paramètres démographiques s’inversent.

Le réchauffement climatique influe défavorablement sur les performances démographiques. La végétation dont se nourrit le chevreuil n’atteint plus son stade optimal de développement au même moment que par le passé. Le chevreuil ne semble pas capable de modifier la période des mises-bas. De ce fait, les chevrettes produisent un lait de moindre qualité et en plus faible quantité, avec des conséquences sur le développement et la survie des faons puis, par effet cohorte, sur la productivité des femelles lorsqu’elles atteignent l’âge de procréer. Ce phénomène est surtout observé en milieu forestier, tandis que dans les coteaux agricoles, les céréales paraissent compenser les carences.

Statut de conservation IUCN (Europe) : LC Least concern
Tendance en Europe : En augmentation

Source : IUCN, 2007.

Statut de conservation IUCN (France) : LC Least concern
Tendance en France : En augmentation

Source : IUCN, 2007.

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