Nous venons de voir que lorsque le renard a décidé de se soustraire à la meute de chiens, son terrier vient à point nommé pour lui offrir un repère inaccessible aux assaillants. Tout se complique si les chasseurs sont aussi déterreurs. La vénerie sous-terre, art cynégétique qui demande à celui qui la pratique de faire montre de ténacité et de vaillance, peut-être bien plus que tout autre, consiste, comme son nom le plus courant l’indique, le déterrage, à aller capturer l’hôte du terrier au plus profond de son antre. Assistés de chiens de terrier, autrefois des bassets, à qui les pattes courbes et raccourcies permettaient de mieux se faufiler, aujourd’hui ce sont des fox-terriers, des teckels, des jagd-terrier ou des jack-russell qui sont à la manœuvre. Le blaireau se chasse aussi en vénerie sous-terre. Dans ce cas, le déterrage n’intervient pas à l’issue d’une poursuite à l’extérieur du terrier. Toute la chasse a lieu à l’intérieur des galeries jusqu’à ce que le blaireau soit assiégé dans un cul-de-sac.
L’oreille collée au sol, les déterreurs suivent, depuis la surface du sol, le déroulé de la chasse à l’intérieur des galeries. Lorsque la chasse s’enfonce très profondément dans le sol, une barre-mine est utilisée pour percer les premières dizaines de centimètres du sol. Il s’agit de mieux écouter les récris des chiens sous-terre afin de toujours les localiser. Dès lors que les 4 à 5 chiens ont acculé l’occupant du terrier, blaireau ou renard, ils l’obligent, par leurs abois et par leur présence, à conserver cette position. Sauf si l’assaut de l’occupant les y oblige, les chiens ne reculent pas. C’est à ce moment de la chasse qu’interviennent les hommes. Armés d’une pelle et d’une pioche, les voilà qu’ils vont se mettre à creuser. C’est parfois jusqu’à 3 ou 4 mètres de profondeur qu’il faut descendre pour arriver jusqu’au blaireau ou au renard. Saisi avec des pinces spéciales, non vulnérantes, celui-ci sera sorti de son terrier et, soit servi, soit gracié, puis le terrier sera remis en état. La satisfaction de l’équipage n’a d’égale que celle des chiens, fiers du travail accompli. Le code éthique de la vénerie sous-terre est exigeant ; la pratique témoigne d’une franche camaraderie.