La bécasse des bois

american woodcock on the forest floor

Description de l’espèce

Nom scientifique : Scolopax rusticola
Ordre : Charadriiforme
Famille : Scolopacidé
Genre : Scolopax
Envergure : 56 à 60 cm – Entre 33 et 38 cm, compris le bec de 6 à 7 cm
Poids : 320 g
Plumage brun-roux rayé de noir (mimétisme parfait au sol en forêt)
Adaptation due au mode de vie : yeux en position périscopique sur le sommet du crâne, permettant de voir tout autour sans tourner la tête – Amincissement au milieu du bec et « os carré » situé dans l’oreille qui permet au bec de jouer le rôle de pince pour saisir les vers de terre en enfonçant le bec sans avoir besoin d’agrandir le trou – Le mâle, au bec plus court de 3 mm que la femelle, consomme plus d’insectes, tandis que cette dernière capture plus aisément les lombrics profondément enfouis.

Limicole forestier, la bécasse se singularise au sein d’une famille qui, des bécassines aux vanneaux, comprend des oiseaux exclusivement inféodés aux zones humides. Elle occupe l’ensemble du continent eurasiatique, ainsi que le nord du Maghreb en hivernage. En France, elle est à la fois hivernante et nicheuse. Elle hiverne en abondance dans le département, même si, sensible au froid prolongé, elle privilégie les départements côtiers à ceux de l’intérieur. Très fidèle à son lieu d’hivernage, elle occupe chaque hiver les mêmes places dans la forêt. Au fil des ans et des générations, ces places demeurent les mêmes, tant que des modifications majeures du paysage n’altèrent pas l’intérêt du site.

La nuit, la bécasse gagne les prairies à la recherche des lombrics, qui composent 80 % de son régime alimentaire et couvrent 85 % de ses besoins. Dépourvue de jabot et possédant un estomac de petite contenance, phases de repos et d’alimentation se succèdent, y compris en journée où elle arpente les abords de sa remise diurne. Elle y capture les invertébrés présents sous les feuilles et dans les premiers centimètres du sol. Sont au menu le lombric mais aussi les myriapodes ; crustacés (cloportes) ; insectes ; coléoptères ; diptères et hyménoptères. Des baies, des jeunes pousses et des graines peuvent également être consommées au printemps et en été, de façon marginale.

Un migrateur au plus ou moins long cours

La bécasse effectue ses déplacements migratoires la nuit, seule ou en petits groupes de quelques individus. Le trajet est interrompu de haltes d’un à deux jours, durant lesquels elle séjourne dans les haies, les bosquets ou aux abords d’un massif forestier. La migration d’automne connaît un pic d’affluence en Lot-et-Garonne à la mi-novembre, tandis qu’au retour, elle bat son plein en mars. Les bécasses qui hivernent en France nichent essentiellement entre la Pologne et l’Oural, principalement en Russie. Celles qui nichent dans les contrées les plus septentrionales hivernent dans le Sud-Ouest de la France et la Péninsule ibérique, tandis que les bécasses qui choisissent l’Europe centrale pour se reproduire effectuent généralement une migration plus courte. Arrivé sur sa place de croule, à laquelle il est très fidèle, le mâle parade aux heures crépusculaires.

Polygame, il forme des couples éphémères. L’accouplement a lieu au sol. La femelle installe son nid également sur le sol, dans une dépression de feuilles mortes de 12 à 15 cm de diamètre et 4 à 5 cm de profondeur. Elle pond quatre œufs en moyenne, qu’elle couve seule durant trois semaines. Le pic des pontes a lieu en mai. Une ponte de remplacement peut être effectuée si la première est détruite mais l’éventualité d’une seconde ponte annuelle est également suspectée. Les poussins sont nidifuges. Ils effectuent leurs premiers vols à 20 jours et sont émancipés à deux mois. La productivité moyenne est estimée à 2,4 jeunes par femelle pour une seule couvée.

Statut de conservation et gestion cynégétique

Au cours des vingt dernières années, les effectifs hivernants ont observé une relative stabilité voire une légère augmentation dans l’ouest et le sud de la France, zones habituelles d’hivernage. Ils ont augmenté dans le quart nord-est du pays et, très vraisemblablement, dans les pays limitrophes. Certainement en lien avec le réchauffement climatique, ces régions d’escale migratoire deviennent des sites d’hivernage à part entière. La prédation est une source de mortalité importante, alors que les facteurs pathologiques n’ont qu’un faible impact. Le taux de survie annuel est estimé à 33 % pour les oiseaux dans leur première année et à 49 % pour les adultes.

Considérés comme stables à l’échelle du Paléarctique occidental, les effectifs sont estimés à 25 millions d’individus par Wetlands International (2014). Avec un bon statut de conservation, l’espèce relève du niveau de préoccupation mineure ou « least concern » (IUCN, 2014 ; BirdLife, 2015). En Europe, l’estimation des prélèvements à la chasse est de l’ordre de 3 à 4 millions de bécasses par an, dont 1 million en France, où l’hivernage se concentre. En Lot-et-Garonne, le prélèvement annuel est de l’ordre de 5 000 à 6 000 individus.

En moyenne, 1 300 chasseurs, soit un peu plus de 10 % de l’effectif lot-et-garonnais, prélèvent au moins une bécasse durant leur saison.

Un quota de prélèvement est instauré. Il est contrôlé grâce à un carnet de chasse et à un dispositif autocollant apposé sur la patte de l’oiseau, sur le lieu et au moment du prélèvement. Une application pour smartphone peut se substituer à ce dispositif. Le nombre de jours de chasse est également restreint, à raison de deux jours par semaine. Les quotas peuvent être modulés à la baisse en cas de vague de froid et la chasse peut même être suspendue. Plusieurs mesures de gestion cynégétique, instaurées pour l’espèce en Lot-et-Garonne, ont été étendues par la suite à l’ensemble du territoire national.

Statut de conservation IUCN (Europe) : LC Least concern
Effectifs en Europe : 11 500 000
Tendance en Europe : En diminution

Source : BirdLife International, 2021.

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