Il est convenu de désigner sous le nom de chasses traditionnelles, plusieurs chasses régionales aux oiseaux migrateurs qui font appel à des techniques anciennes et se pratiquent sans fusil. Précisément, selon les termes du législateur, il s’agit de techniques de chasse « consacrées par les usages traditionnels régionaux. » Sur le plan juridique, cette dénomination désigne ces techniques de capture bien particulières, entre pièges et filets, qui sortent du champ de la chasse classique au fusil, sans entrer dans celui du piégeage. Elles relèvent d’un régime spécifique, prévu par la législation européenne, au sens de l’article 9 § 1 c) de la Directive européenne n° 2009/147/CE. Il est défini en droit français par l’article L. 424-4 du Code de l’environnement. Parmi toutes les techniques de chasse anciennes, utilisant pièges ou filets, certaines sont tombées en désuétude au fil des siècles, tandis que d’autres, fortes de leur ancrage socio-culturel, ont résisté au temps.
Des chasses régionales aux oiseaux migrateurs à fort ancrage socio-culturel
C’est le cas dans le Sud-Ouest, où ce patrimoine culturel est bien vivant et présente une dimension sociétale de nature consubstantielle à un art de vivre. Chaque automne, les médias ne s’y trompent pas en soulignant l’attachement à ces chasses, à leurs cabanes, à leur convivialité et à cette impatience fébrile, presque enfantine, du chasseur qui veille la migration. Le terme « traditionnelle » n’est pas nécessairement le plus approprié. La chasse, dans son ensemble, est traditionnelle par son rapport à la nature et au sauvage mais aussi, bien sûr, parce qu’elle est pratiquée depuis les temps les plus anciens de la préhistoire. Les pratiques les plus anciennes se sont transformées, au fil des siècles et avec leurs adeptes. Les plus modernes sont parfois des réminiscences de très anciennes pratiques. La chasse à l’arc pourrait illustrer ce cas à merveille, même si elle ne relève pas de cette dénomination juridique. Ainsi que le propose le philosophe Francis Wolff, il serait certainement préférable de parler de « cultures locales ou régionales qui font partie de l’identité la plus profonde des gens, de leur mémoire, de leur rapport au monde et à la nature. »