Chasser en Lot-et-Garonne

Des gibiers, des chasses et des chasseurs

En Lot-et-Garonne, les chasseurs sont principalement des locaux et ils exercent leur passion très généralement dans leur commune ou dans les communes voisines. 94 % pratiquent uniquement à tir, au fusil. 6 % seulement pratiquent d’autres modes de chasse, dont le déterrage pour 3 % d’entre eux, la chasse à courre pour 2 % et la chasse à l’arc, pour 1 % souvent en complément de la chasse à tir. Le petit gibier, faisan, lièvre, perdrix et caille, est essentiellement chassé au chien d’arrêt, par 65 % des chasseurs. Le lièvre et le lapin mais aussi le renard, font également l’objet d’une chasse au chien courant, pratiquée par 21 % des chasseurs. Les gibiers migrateurs sont très prisés, en particulier, la palombe, gibier qui intéresse les 2/3 des chasseurs lot-et-garonnais, suivie par la bécasse, pour 1⁄4 des chasseurs et, enfin, les grives, pour 20 % d’entre eux. La chasse de la palombe, dans un peu plus d’un cas sur deux, a lieu dans cette installation traditionnelle qu’est la palombière. Parmi les espèces de grand gibier, chassé essentiellement en chasse collective au chien courant, le sanglier est l’animal préférentiellement recherché, devançant le chevreuil d’une part, aux populations pourtant très fournies et, bien évidemment le cerf, aux cheptels beaucoup plus localisés. Il est à noter que près de 70 % des chasseurs participent au moins une fois par campagne à une battue. À cette occasion, 44 % ont l’occasion de chasser le renard au chien courant, soit un peu plus de 3 500 chasseurs. Chaque année, ce sont plus de 8 000 battues qui sont organisées par les sociétés de chasse. Elles prennent la forme d’une chasse collective au chien courant, typique du Sud-Ouest.

La chasse sert-elle l’intérêt général ?

La chasse moderne s’inscrit dans une approche de conservation de la nature par l’utilisation. Le législateur français définit la chasse en tant qu’activité à caractère environnemental, culturel, social et économique. Il lui reconnaît et lui confie un rôle d’intérêt général en matière de développement des activités économiques et écologiques dans les milieux naturels, ainsi que de gestion durable du patrimoine faunique et de ses habitats. Atteindre et maintenir un équilibre agro-sylvo-cynégétique est l’objectif premier en matière de gestion du gibier. La forte augmentation des populations de sangliers amène aujourd’hui à considérer des paramètres supplémentaires. Le spectre d’espèces concernées au sein de la faune sauvage est bien plus large, des corvidés aux prédateurs mais aussi parfois lièvre, palombe ou cervidés, à l’origine de dégâts significatifs, sans oublier les espèces exogènes.

Les problématiques de sécurité routière, de transmission de pathologies au bétail ou à l’homme, de protection de la biodiversité ou, encore, de présence de la faune sauvage dans les zones urbanisées, s’invitent dans les politiques publiques en la matière. La chasse assure donc une action de régulation ou de gestion de la faune sauvage qui relève de l’intérêt général et ce, gratuitement. Dans le cadre de la gestion conservatoire des populations de petit gibier, les chasseurs conduisent nombre d’actions en faveur des habitats de la faune sauvage. Elles profitent largement à la biodiversité dans son ensemble. Il en va de même de la surveillance des pathologies qui peuvent affecter la faune sauvage. En France, l’investissement est évalué à 78 millions d’heures de bénévolat et 460 millions d’euros. Ce sont des efforts conséquents, déployés avec une énergie extraordinaire.

Les chasseurs portent une attention particulière au gibier et à la nature dans son ensemble. Elle est consubstantielle à la chasse au sens où, sans gibier et sans nature, la chasse ne serait plus. Pour autant, le chasseur ne part pas à la chasse avec pour objectif l’élimination d’animaux sauvages, guidé par les obligations qu’un « intérêt supérieur de la régulation » lui imposerait. Il chasse par passion et celle-ci, non seulement, prend différentes formes mais s’intéresse à différents gibiers, dans une approche complémentaire et globale d’une culture cynégétique. Mettre l’action du chasseur à contribution pour la réussite des politiques publiques suppose que celles-ci intègrent ce qui fait la motivation du chasseur, sa raison de chasser, à savoir ses passions cynégétiques. C’est donc un subtil équilibre d’intérêts qu’il s’agit de concilier pour les faire converger. Les pouvoirs publics et, particulièrement les FDC, œuvrent en ce sens.

Chasse et bénéfices socio-économiques

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Grâce aux taxes et cotisations obligatoires dont ils s’acquittent, les chasseurs assurent le financement des services publics directement en charge de la chasse et de la nature : les fédérations des chasseurs, à hauteur de 120 millions d’euros chaque année ainsi que l’Office français de la biodiversité, à hauteur de 50 millions d’euros, pour ses missions de police de l’environnement et de connaissance de la faune sauvage. Ils financent aussi l’indemnisation administrative des dégâts du grand gibier, dont les FDC sont en charge, à hauteur de 50 millions d’euros par an. La chasse française est aussi une filière économique incontournable en milieu rural. Au niveau national, elle génère 4,2 milliards d’euros de flux financiers par an, dont 3,6 milliards d’euros par an de valeur ajoutée au PIB national. C’est ainsi que chaque chasseur contribue directement à hauteur de 1 136 € par an à la richesse de notre pays.

En Nouvelle-Aquitaine, ce chiffre représente 276 millions d’euros par an et une valeur ajoutée directe de 0,18 % du PIB. Les emplois directs ou indirects liés à la chasse représentent 25 800 équivalents temps plein en France et 0,15 % de l’emploi total au niveau de la grande région Nouvelle-Aquitaine. Dans les campagnes, la chasse est souvent un loisir convivial qui unit une communauté villageoise autour du partage de valeurs et de joies simples, dans un esprit de mixité socio-professionnelle, politique et confessionnelle. Une permanence du lien intergénérationnel s’exprime en son sein, tout autant qu’elle est un facteur d’intégration des nouveaux arrivants. Elle contribue largement à dynamiser la vie sociale des petits villages, par les repas festifs et les manifestations qu’elle organise mais aussi à l’occasion de la distribution de la venaison du grand gibier, partagée avec les agriculteurs, les propriétaires des bois et, bien souvent, les habitants.

Les sociétés communales de chasse

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En Lot-et-Garonne, les 289 sociétés communales ou intercommunales de chasse et les 18 associations communales de chasse agréées (ACCA) sont à la base de l’organisation cynégétique départementale. Elles regroupent un peu plus de 90 % des 11 500 chasseurs lot-et-garonnais. 2/3 des membres de ces associations communales habitent la commune ou y possèdent un bien. Dans la plupart des cas, les autres membres sont issus des communes voisines ou possèdent un lien affectif ou familial avec le village. 93 % pratiquent dans 2 à 3 sociétés différentes, ce qui leur permet de profiter de territoires diversifiés, en termes de paysage comme de pratiques de chasse. Dans les 3/4 des cas, ils ne s’acquittent que d’une seule cotisation, bénéficiant d’accords de réciprocité conclus entre associations. C’est ainsi qu’avec une cotisation d’un montant moyen de 55 € pour les résidents et de 80 € pour les extérieurs à la commune, le chasseur lot-et-garonnais peut pratiquer sa passion sur un ou plusieurs territoires couvrant 8 000 hectares en moyenne.

Cette organisation communale permet au chasseur d’avoir accès à un territoire de chasse proche de chez lui pour un coût très faible. Elle repose sur un échange de bons procédés entre les propriétaires terriens, généralement agriculteurs ou sylviculteurs et les sociétés de chasse. En remerciement de l’accès gratuit au territoire qui leur est offert, alors que dans nombre de régions celui-ci se monnaye, les chasseurs assurent la régulation du gibier qui cause des dégâts à l’agriculture et à la sylviculture. Au-delà de ces considérations, c’est l’expression d’un trait culturel assez caractéristique du sud de la France. Les pratiques rurales traditionnelles comme la chasse, la pêche ou les cueillettes, notamment des champignons, sont partagées au sein de la communauté villageoise.

Le Lot-et-Garonne une chasse populaire

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En Nouvelle Aquitaine, première région de France en nombre de chasseurs et, plus particulièrement en Lot-et-Garonne, l’ouvrier, l’agriculteur, le chef d’entreprise et le médecin chassent ensemble dans le partage de leur passion commune. Dans 55 % des cas, les chasseurs français sont des actifs dont la profession est la suivante : agriculteur : 8 % ; artisan-commerçant : 9 % ; ouvrier : 15 % ; employé : 21 % ; professions intermédiaires ou assimilées : 8 % ; cadres, professions libérales : 39 %. Ces tendances sont assez uniformes en France mais le Lot-et-Garonne se singularise par une proportion plus forte d’employés et d’ouvriers et par la proportion d’agriculteurs et de sylviculteurs, deux fois plus élevée que la moyenne nationale. En France, avec son million de pratiquants, la chasse est une des premières activités de loisir, après le foot et la pêche, juste avant le tennis, bien avant l’équitation, le rugby ou encore la randonnée pédestre. Les années 1960 ont marqué un pic dans les effectifs de chasseurs qui, depuis lors, ont régressé de 2 à 3 % par an en moyenne.

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Chez les ruraux et même pour nombre de citadins issus de l’exode rural d’après-guerre, la chasse représentait alors un loisir favori. Dans un premier temps, la démocratisation des autres activités sportives ou de loisirs et une diversification de l’offre ont contribué à réduire ce monopole. D’autres facteurs sont entrés en œuvre par la suite. La chasse relève d’une forme traditionnelle de rapport à la nature dont se détourne la société. Elle pâtie aussi d’un déficit d’image. Le renouvellement, avec chaque année 34 000 nouveaux chasseurs en France, 250 en Lot-et-Garonne, ne suffit que partiellement à compenser l’abandon des générations âgées, encore très nombreuses. Il serait pour autant inexact de dire que la chasse n’intéresse pas. Le nombre de candidats au permis de chasser est en progression constante, y compris chez les femmes, historiquement sous-représentées. Il faut certainement envisager une stabilisation à moyen terme des effectifs, à un niveau inférieur à celui que nous connaissons aujourd’hui.

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La chasse est le 3e sport le plus pratiqué en France derrière le foot et la pêche.

Le budget du chasseur lot-et-garonnais

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Le niveau des dépenses engagées par le chasseur lot-et-garonnais va de pair avec cette sociologie propre au Sud-Ouest. De l’ordre de 1 500 € par an en Lot-et-Garonne, elles sont inférieures de 25 à 30 % au coût moyen observé en France et même 3 à 4 fois moindres que dans certaines régions. Mais où vont ces 1 500 € ? Le chasseur paye des redevances et cotisations obligatoires, de 160 à 205 €, auxquels il faut ajouter le prix de l’assurance, soit 21 € environ. Il s’acquitte d’une adhésion à sa société de chasse. Celle-ci vient abonder le budget de l’association, en complément des repas et autres manifestations qu’elle organise. Ce budget finance notamment les actions pour le petit gibier, qui souvent profitent largement à la biodiversité ; l’achat de matériel pour la régulation d’animaux déprédateurs, par exemple le ragondin ou la corneille noire, la protection de cultures agricoles contre les dégâts de gibier ou, encore, la « cabane » où les chasseurs se retrouvent pour un moment de convivialité. 530 € en moyenne sont consacrés chaque année aux auxiliaires de chasse, au premier rang desquels figure un ou plusieurs chiens de chasse, compagnons de chaque instant. Si les frais de nourriture, de petit équipement ou de visite chez le vétérinaire sont constants, il faut revoir ce budget à la hausse en cas d’achat d’un chien. Notons toutefois que pour les jeunes chasseurs, il est possible de se faire offrir un chiot par un chasseur expérimenté, ravi de lui mettre le pied à l’étrier. La chasse se pratique aussi avec des appelants, canards, palombes ou alouettes, nourris et choyés toute l’année. Les frais de véhicule pèsent 160 € en moyenne dans le budget annuel du chasseur, à part égale avec les 160 € d’équipements (vêtements, bottes, cartouches, entretien des armes ; matériels pour la palombière…).

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